Qui êtes-vous ?

Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

Séance 5 : 1914-1945, dépression et nouveaux libéralismes

Séance 6 : 1914-1945 partie I : grande dépression et nouveaux libéralismes
Tableau de synthèse

Plan détaillé du cours
Dossier documentaire n°6
Pour aller
plus loin
Documents
Auteur clé
Introduction
1885-1950 : le second cycle Kondratief
Doc 1 : les cycles économiques depuis 1816
Schumpeter
Kondratief


-manuel Studyrama,
Chapitre 2

I/ 
Une évolution économique marquée par l’instabilité
A-1914-1918 : l’entrée violente dans le XXème siècle

Texte 2 : la guerre
Texte 3 : éco de guerre/guerre économique
Ludendorff
B- Les années 1920 : une croissance déséquilibrée
Document 4 : la croissance de Citroën
Document 5 : la crise des ciseaux : l’exemple du sucre et de l’étain
Labrousse
C -  Les années 1930 : une dépression historique ?
Document 6 : le mécanisme d’extension de la crise
Document 7 : le « bank run »

II/
De nouvelles formes de libéralisme
A- Les effets sociaux et politiques de la crise
Document 8
 l’essor du chômage de masse

B- Vers un libéralisme plus interventionniste et social
Document 9 : les principales mesures du New-Deal
Roosevelt
C – La naissance de la social-démocratie
Texte 10 : le keynésianisme
Keynes
Conclusion
En 1939, un monde encore en crise et fragmenté



Document 1 : les cycles Kondratief depuis 1816

Rappel : les cycles économiques

Les premières analyses générales des crises et des cycles apparaissent au XIXème siècle. Clément Juglar montre la présence de mouvements réguliers des prix et de l’activité sur des durées d’environ neuf à dix ans. On appelle également le cycle Juglar, le cycle des affaires. Joseph Kitchin (Cycles and Trends in Economic Factors, 1923) met à jour des cycles plus courts, d’une durée d’environ 40 mois. Ces cycles courts proviennent du décalage entre la demande et la production : la production réagit aux variations de la demande en fonction de l’état des stocks de marchandises ; par exemple, lorsque les stocks « gonflent », les entreprises réduisent leur production, jusqu’au moment où elle est inférieure à la demande. Nikolai Kondratiev (Les Vagues longues de la conjoncture, 1926) met à jour des cycles plus longs d’une durée d’environ 50 ans. Le premier cycle long prend naissance vers 1790, puis culmine en 1815, puis un second cycle démarre en 1850, qui culmine à son tour en 1873 ; enfin, le troisième cycle débute en 1896 pour culminer vers 1930. L’idée du cycle renvoie à la succession toujours renouvelée de phases d’accélération et de dépression qui « contredit » la loi de la baisse tendancielle du taux de profit et de la fin inéluctable du capitalisme. Cette différence entre l’observation des cycles et la science « officielle » du pouvoir marxiste stalinien vaudra à Kondratiev d’être déporté au goulag, où il meurt fusillé en 1938.
Source : S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019

Texte 2 : la guerre totale/guerre juste
L’expression guerre totale est utilisée par l’Allemand Ludendorff en 1935 (La guerre totale, traduit par A. Pfannstiel, Paris, 1937). L’ancien général en chef de l’armée allemande pendant la P.G.M. affirme que « dès qu’un pays a décidé de faire la guerre, il met les forces armées, l’économie du pays et le peuple lui-même à la disposition du chef qui aura la conduite de la guerre ». Si deux guerres américaines (guerre de Sécession aux E.U. 1861-1865 et guerre du Paraguay 1865-1870) sont considérées comme les prémices de la guerre totale, ce sera lors des deux guerres mondiales que l’on observera toutes les dimensions : démographique (mobilisation de masse), économique (production industrielle), financière (emprunts) et idéologique (propagande de masse). La guerre totale est la violation de toutes les formes de règles de guerre qui s’étaient ébauchées en Occident. Après 1945, l’arme nucléaire a certainement été un obstacle à une guerre qui aurait embrasé le monde. Si la notion de guerre juste est beaucoup plus ancienne (dès l’Antiquité), la notion a été repensée par le philosophe américain Michaël Walzer (Guerres justes et injustes, Paris, 1999). Selon lui, le caractère juste d’une guerre doit être visible dans tout le processus politico-militaire : les motifs de guerre, son déroulement et enfin son règlement. La guerre préventive peut être un cas de guerre juste si elle empêche une guerre plus grave. C’est le cas en 1933, lorsque la Pologne propose à la France de déclencher une guerre préventive contre l’Allemagne. Ce type de guerre suppose la certitude de la menace. De ce point de vue la guerre du Golfe a été un échec complet.
Source : S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019

Texte 3 : guerre économique/économie de guerre
Guerre économique (éco et géopol)
Dans La guerre économique (2009), Jean-Marc Huissoud et Frédéric Munier ont mis en perspective le concept de guerre économique qui apparaît de manière récurrente lors des guerres et des crises, dont la dernière de 2007-2008, crise dite des subprimes. Aujourd’hui, on parle aussi de guerre de monnaies pour évoquer le maintien de certaines monnaies à un niveau bas (yuan) afin de donner de la compétitivité face à des économies dont la monnaie se réévalue (euro, yen). Pendant la Guerre froide, l’embargo céréalier des Etats-Unis à l’encontre de l’U.R.S.S. est une forme de guerre économique. C’est en effet en 1971 que le Français Bernard Esambert, conseiller du Président Pompidou et auteur de La guerre économique mondiale (1991), énonce le concept de guerre économique. Celui-ci est à relier au le terme de « géoéconomie » énoncé par l’Américain Edward Luttwak (Le rêve américain en danger, 1995). Il définit alors la géoéconomie comme « la logique conflictuelle, traduite en termes commerciaux ». Il faut d’abord différencier le terme avec celui d’économie de guerre qui désigne l’ensemble des moyens mis en place par les Etats pour financer et produire un conflit. La guerre économique est plus complexe et comporte trois acceptions différentes. Elle peut d’abord être une modalité de la guerre comme l’embargo déjà cité. Dans un second sens plus large, il s’agit d’une forme atténuée de « hard power » par l’utilisation de moyens pour défendre ses parts de marché et accroître sa puissance. Enfin, le dernier usage du terme est extensif et peut être assimilée à une concurrence exacerbée. Colbert affirme ainsi que « les compagnies de commerce sont les armes du roi et les manufactures sont ses réserves ». Le protectionnisme et l’impérialisme sont les deux grandes politiques de guerre économique des Etats. Face à la crise, R.U. et France réorientent leur commerce vers leurs empires. Les régimes totalitaires développent des politiques visant à l’autarcie. Ainsi, les années 1930 se caractérisent par l’émergence et l’opposition de blocs commerciaux et monétaires. Au final, toutes les périodes sont marquées par la guerre économique qui est, selon Huissoud, et Munier « règle plus qu’exception ». Pascal Gauchon titre ainsi dans un hors-série de la revue Conflits : « Nous sommes en guerre économique » (Hors-série n°1, hiver 2014).
L’économie de guerre est l’organisation par les Etats de l’effort de guerre : planification des productions, organisation des filières clés (ex ; sidérurgie pour la production des canons ou des chars), emprunts… Le plus souvent, cela implique la création d’un ministère du ravitaillement. En France, c’est le socialiste Albert Thomas qui en est responsable. Dès l’été 1914, il rencontre Louis Renault qui va abandonner la production de véhicules automobiles pour celle de camionnettes et de chars. Voir données ci-dessous.
Résumé : la guerre économique est l’utilisation de l’économie comme enjeu militaire et politique et l’économie de guerre l’organisation de l’économie au service de la guerre. Voir les deux exemples choisis pour illustrer ces deux expressions.
Source : S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019




Complément 1 : l’activité des sous-marins allemands, reflet de la guerre économique

Document 4 : le retour de la croissance :








Document 5 : la « crise des ciseaux » (Ernest Labrousse) : exemples du sucre et de l’étain






Document 6 : le mécanisme d’extension de la crise


Complément : carte de diffusion de la crise


Document 7 : le « bank run »
Le bank run apparaît lorsque les agents retirent massivement leurs dépôts de la banque. C’est l’image de la course aux guichets devant les banques en 1929. Lorsque ces retraits dépassent les réserves de liquidité que possède la banque, cette dernière doit obtenir rapidement ces liquidités qui lui manquent en vendant certains de ses actifs ou en se faisant rembourse des créances qu’elle possède. Dans le cas du bank run, la crise de liquidité provient du décalage temporel entre la demande immédiate de liquidité des agents qui se présentent à son guichet et sa capacité, plus lente, à transformer les actifs qu’elle possède sous forme liquide. Ce risque est lié à la nature de l’activité de transformation que réalisent les intermédiaires financiers : ils perçoivent des dépôts « courts » des agents à capacité de financement et, en contrepartie, ils prêtent « long » à des agents à besoin de financement. Dans le cas spécifique des banques, une seconde source vient alimenter ce risque : les banques créent de la monnaie immédiatement disponible à l’occasion d’un prêt, monnaie que les agents ne s’engagent à rembourser qu’ultérieurement. Le bank run provoque une crise de liquidité et non pas une crise de solvabilité. L’actif de la banque n’a pas été détérioré par une défaillance des emprunteurs ou une chute de la valeur des titres détenus. Le montant de l’actif correspond toujours à celui du passif. Mais la banque n’est pas en mesure de fournir immédiatement la liquidité demandée par les déposants. Dans le cas où elle est incapable de trouver cette liquidité rapidement sur le marché monétaire interbancaire, elle peut, là aussi, faire faillite. Récemment, on a assisté à un mouvement de bank run lors de la crise grecque.
Source : S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019

Document 8 : le chômage de masse

Source : Paul BAIROCH, mythes et paradoxes de l’histoire économique, La Découverte, 1993
Document 9 : les principales mesures du New-deal + chômage et biographie de Roosevelt

Document 10 : le keynésianisme
John Maynard Keynes réfute certains principes fondamentaux du libéralisme classique pour lui substituer une « nouvelle théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » du fonctionnement de l’économie capitaliste moderne (publiée en 1936). La révolution keynésienne se fonde sur 4 points clés : le chômage n’est pas accidentel mais structurel, l’écoulement de la production n’est pas automatique, l’équilibre économique n’est pas la situation naturelle du capitalisme et enfin la monnaie n’est pas neutre par rapport à l’activité économique. Contrairement aux classiques libéraux, Keynes préconise une politique de relance par la consommation. Ce choix implique une politique salariale de revalorisation et l’investissement de l’Etat (grands travaux, hausse des budgets de l’éducation et de la santé). Avec lui, le Welfare State, élaboré par William Beveridge en 1942, trouve son architecte. Dévaluation, faible taux d’intérêt, dépenses d’infrastructures, investissements d’avenir, telles sont les recettes anti-crise de Keynes. Pour lui, l’Etat doit en effet jouer un rôle régulateur en créant des postes dans la Fonction publique, par déficit budgétaire. Keynes est critiqué à la fois par les marxistes car il reste libéral et ne souhaite que trouver des solutions aux crises ; d’un autre côté,  les libéraux classiques lui reprochent de remettre en question les théories du laisser-aller, de la libre concurrence et des débouchés (loi de Say selon laquelle l’offre génère ses débouchés). Pour Keynes, à l’inverse, la satisfaction de la demande effective n’entraîne pas automatiquement le plein emploi. Il propose un libéralisme social, mais pas socialiste : il récuse les nationalisations d’entreprises préconisées par les socialistes. Le défaut majeur de la théorie de Keynes est qu’elle conduit à l’inflation.
ource : S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019

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