Qui êtes-vous ?

Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

Séance 3 : XIXème siècle, partie 1 : industrialisation, internationalisation et impérialisme

Seance 4 : LE XIXème siècle : INDUSTRIALISATION, INTERNATIONALISATION ET IMPERIALISME

Tableau de synthèse

Plan détaillé du cours
Dossier documentaire n°4
Pour aller
plus loin
Documents
Auteur clé/notion
Introduction




-manuel Studyrama,
Chapitre 1
Pages 21 à 80,
Synthèse du cours page 76

I/ 
L’industrialisation
A- Les signes de l’essor industriel

Doc 1 : Les étapes de la croissance
Rostow/ »take-off »
B- Quels facteurs explicatifs ?


C – La naissance d’un duopole transatlantique
Doc 2 : schéma du couple transatlantique selon Christian Grataloup
Christian Grataloup
mégalopoles
II/
L’internationalisation : « notre première mondialisation » Suzanne Berger
A- Un essor fulgurant des flux
Doc 3 : la première mondialisation selon Cohen

Mondialisation/
Division internationale du travail
B- Un contexte très favorable
Doc 4 : schéma des stratégies des firmes multinationales
Laurent Carroué
C – L’impérialisme, frein ou accélérateur de puissance ?
Doc 5 : cartes des empires coloniaux

Conclusion
Géoéconomie du monde en 1913
Doc 6 : les premières puissances en 2013 (statistiques)

Document 1 : les étapes de la croissance économique
Les étapes de la croissance économique
Titre d’un ouvrage de W. W. Rostow publié en 1960 (1963 pour la traduction française) proposant une analyse historique du développement économique selon laquelle toute société évolue selon le même modèle en cinq étapes :
1. « La société traditionnelle » – Société pré-industrielle où le secteur primaire demeure très majoritaire dans la production des richesses et dans l’emploi. Faibles gains de productivité. Conditions d’existence difficiles.
2. « Les conditions préalables au démarrage » – Ensemble des  transformations économiques et sociales qui permettent des progrès dans l’industrialisation : révolution agricole, progrès techniques, apparition d’une classe d’entrepreneurs…
3. « Le décollage » ou « take-off » – « La société finit par renverser les obstacles et les barrages qui s’opposaient à sa croissance ». La croissance s’auto-entretient car le taux d’investissement est fort.
4. « Le progrès vers la maturité » – L’industrie prend une part croissante dans le revenu national et dans l’emploi. Généralisation du salariat et urbanisation rapide.
5. « L’ère de la consommation de masse » – La consommation principalement entraîne désormais la croissance économique. Consommation de masse et production de masse permettent des économies d’échelle et des gains de productivité réguliers.
Cette vision évolutionniste de l’histoire de l’humanité doit être situé dans le contexte de sa rédaction, la guerre-froide et le sous-développement du Tiers monde:
- Le sous-développement est un simple retard de développement et un problème technique que les politiques économiques doivent pouvoir résoudre : le développement du Tiers monde est possible.
- Le marxisme est dans l’erreur, les sociétés vont vers toujours plus de développement et les travailleurs profitent de la hausse des salaires et de l’Etat-providence. Le communisme entrave cette évolution. Le sous-titre de l’ouvrage est d’ailleurs : « un manifeste anti-communiste ».
Source : Bertrand Affilé et Franck Rimbert L’évolution économique du monde depuis 1880, Armand Colin et Marc Montoussé (sous la direction de), 100 fiches de lecture. Economie, sociologie, histoire et géographie économiques : les livres qui ont marqué le XXème siècle,  Bréal.

 complément du doc 1 : schéma des idées de Rostow

Document 2 : le couple transatlantique selon Christian Grataloup

Source : C.Grataloup, Géohistoire de la mondialisation, A.Colin, 2007.


Document 3 : la première mondialisation selon l’économiste français Daniel Cohen
La première mondialisation du XIXe siècle d’après l’économiste Daniel Cohen
Rappel : la question d’une première mondialisation a déjà été abordée, dans un chapitre sur l’internationalisation avant 1914, notamment à propos du livre de Suzanne Berger, Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié, Seuil, « La Républiques des Idées », 2003.
Le parallélisme entre la mondialisation du XIXe siècle et la nôtre est particulièrement frappant. Première analogie : la ressemblance des grandes puissances. La Grande-Bretagne domine hier le monde d’une manière qui anticipe parfaitement la manière américaine aujourd’hui. Puissances mercantiles toutes eux, elles cherchent d’abord à promouvoir partout où elles s’imposent le libre-échange commercial. La Grande-Bretagne n’est pas une puissance coloniale uniquement intéressée à exporter sa puissance politique à l’étranger. C’est comme puissance cherchant d’abord à faire fructifier ses intérêts économiques qu’elle pense son pouvoir. Cela ne l’empêche évidemment pas de chercher à contrôler l’équilibre des puissances, mais en Chine ou en Inde, son premier geste est de favoriser les industriels anglais, de leur ouvrir des marchés.
                Une deuxième analogie, plus profonde, entre la mondialisation d’hier et celle d’aujourd’hui, est qu’elles sont toutes deux portées par une révolution des techniques de transport et de communication. On a parfois tendance à penser que la révolution d’Internet, qui permet en un clic de relier, sinon les hommes, du moins leurs ordinateurs, est la marque distinctive du monde contemporain. La véritable rupture en ce domaine est pourtant bien davantage à chercher au XIXe siècle.
                A la fin du XVIIIe siècle, on marche encore souvent à pied pour aller d’un bourg à un autre. Il faut plusieurs jours pour qu’une lettre parvienne  à un destinataire habitant à 300 km de la capitale. Avec l’invention du télégraphe, avec les câbles terrestres et sous-marins, une information mettra moins de 24 heures pour relier Londres et Bombay.
                A cette capacité révolutionnaire d’échanger des informations, s’ajoute le développement de moyens de transport terrestre ou maritime que sont le chemin de fer puis le bateau à vapeur, qui permettent aux marchandises et aux personnes d’accompagner ces flux d’informations. Avec le bateau frigorifique, dans le dernier quart du XIXe siècle, on peut importer en Europe du bœuf argentin congelé ou du beurre néo-zélandais.
                La marque de cette facilité inédite de faire circuler marchandises et informations se  retrouve dans les écarts de cours des matières premières en différentes places. Au milieu du XIXe siècle, les écarts entre les prix du blé affiché à Chicago, Londres ou Bombay sont encore considérables, pouvant atteindre des différences de 50 %. En 1913, à la veille de la Première Guerre mondiale qui vient clore cette première mondialisation, les écarts de cours n’excèdent plus 10 ou 15 %, ce qui signifie à la fois que l’on connaît en temps réel les cours cotés ailleurs, et que l’on peut envoyer les marchandises là où elles sont chères à partir de là où elles sont bon marché.
Pour prolonger la comparaison, il serait possible d’ajouter que la mondialisation actuelle reste en retard sur celle du XIXe siècle dans au moins deux dimensions essentielles : la globalisation financière et les migrations internationales. En 1913, la City de Londres exporte 50 % de l’épargne anglaise outre-mer. Dans le cas français, c’est un quart de l’épargne nationale qui s’investit à l’étranger. Ce sont des chiffres considérables qu’on est très loin d’atteindre aujourd’hui. Les historiens qui se sont penchés sur les raisons du lent déclin britannique tout au long du XIXe siècle imputent en partie celui-ci au biais de la City, qui lui fait préférer un investissement outre-mer à un investissement domestique, privant ainsi l’économie anglaise de la dynamique positive du réinvestissement des profits de l’accumulation passée. Aucun pays émergent ne peut compter aujourd’hui sur des flux de financement comparable à ceux dont ont bénéficié alors l’Argentine, le Canada ou l’Australie.
Une autre dimension témoigne de l’avance de la mondialisation d’hier sur celle d’aujourd’hui : les migrations internationales. On vit aujourd’hui dans un monde où la mobilité des personnes semble exceptionnelle. En 1913 pourtant, 10 % de la population mondiale est constituée d’immigrés, au sens statistique simple de personnes qui résident dans un pays qui n’est pas celui où ils sont nés. Le chiffre correspondant n’est aujourd’hui que de 3 % de la population mondiale. Ce chiffre est évidemment imposant en masse mais, relativement à la population terrestre, il reste trois fois inférieur à celui du siècle précédent.
Un autre paramètre illustre l’écart qui subsiste entre la mondialisation d’hier et celle d’aujourd’hui : le respect des contrats ou de la propriété privée. A s’en tenir au Commonwealth, il est possible de dire que l’intégration juridique hier était, elle aussi, en avance sur la situation actuelle. Un contrat signé à Bombay avait la même valeur juridique qu’un contrat signé à Londres. Dans la mesure où nombre d’économistes tiennent que les ratés de la mondialisation aujourd’hui sont dus en partie aux risques juridiques encourus par les firmes multinationales  à l’étranger, on note une nouvelle fois une intégration plus poussée au XIXe siècle.
De tous ces points de vue, qu’il s’agisse de la globalisation financière, du respect des contrats, des mouvements de population ou des ruptures introduites par les moyens de communication, tout montre que la mondialisation du XIXe siècle n’a rien à envier à celle d’aujourd’hui. Elle offre le laboratoire d’une mondialisation quasiment à l’état pur, offrant à l’historien mais surtout aux hommes politiques le moyen de juger de ses effets spontanés. Or le résultat est sans ambiguïté possible. Elle s’est avérée tout simplement incapable de diffuser la prospérité des plus riches vers les plus pauvres. C’est en effet à un formidable accroissement des inégalités mondiales que l’on assiste au cours du XIXe siècle.
Source : Daniel Cohen, Trois leçons sur la société post-industrielle, Seuil, « La République des Idées », 2006, p. 42-45.

Document 4 : les stratégies des firmes lors de l’internationalisation


Document 5 : carte des empires coloniaux
complément : carte issue du manuel avec en plus les lieux de tensions et stratégiques


Document 6 : les premières puissances en 1913 (série de statistiques)

Les 7 premières puissances mondiales selon le PIB, l’ouverture économique et les plus grandes métropoles mondiales

Pays
PIB en 1870 en Mds de dollars
PIB en 1913 en Mds de dollars
Croissance du PIB/hab 1890-1913
Exportations en 1913 en Mds de dollars
Taux d’ouverture en 1913  en %

Etats-Unis
98
518
+1.9
19
3,6

Chine
187
300
nc
4
1,3

R-Uni
96
214
+1.0
39
18,3

Inde
118
167
nc
9
5,6

Allemagne
44
145
+1.7
38
26

France
71
143
+1.1
11
7,8

Japon
25
69
+1.1
2
2,3
 Les 16 principales métropoles mondiales en 1900  en millions d’habitants

Londres
6,4
Philadelphie
1,4

New-York
4,2
Manchester
1,2

Paris
3,3
Birmingham
1,2

Berlin
2,4
Moscou
1

Chicago
1,7
Pékin
1,1

Vienne
1,6
Calcutta
1

Tokyo
1,4
Glasgow
1

St-Petersbourg
1,4
Liverpool
1

Source : Angus Maddison, L’économie mondiale. Une perspective millénaire. OCDE, 2001.



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