Qui êtes-vous ?

Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

mercredi 28 février 2018

PRESENTATION DU BLOG

          Ce blog est voué aux futurs étudiants de 1ère année de la TSE qui vont prendre à la rentrée scolaire 2018 l'option "histoire des faits économiques" au cours du 1er semestre de septembre à novembre 2018.
          Il présente le programme détaillé, l'examen final de décembre 2018 et la bibliographie avec l'achat recommandé d'un ouvrage que j'ai rédigé en grande partie et qui, malgré le fait de s'adresser à des prépas, correspond bien au programme de cette option économique tout en y ajoutant le contexte politique et géopolitique (ce qui est plutôt positif pour votre culture générale).
         Cet ouvrage est disponible sur le site de Studyrama ou bien sur les sites comme la Fnac en cherchant à partir du nom du directeur de la collection qui est Eric Keslassy (attention : bien vérifier qu'il s'agit du manuel de 1ère année avec comme auteurs Anne Calvet, Serge Boyer, Hubert Strouk et Vincent Doumerc). Voir  sa couverture à droite du blog.

lundi 12 février 2018

Séance 2 : vision hist de la mondialisation

Séance 2- Vision historique de la mondialisation 
Tableau de synthèse

Plan détaillé du cours

Dossier documentaire n°2
Pour aller
plus loin
Documents
Auteur clé
Introduction
Qu’est-ce que la mondialisation ?


-manuel Studyrama,
Pages 490-491 + tableau page 501
-C.Grataloup,
Géohistoire de la mondialisat°, A.Colin, 2007

I/ 
Questions clés pour cerner la mondialisation
A - Un phénomène médiatisé en France au début des années 1990 : pourquoi ?

Laurent CARROUE
Géographe français
B – Un phénomène vu différemment selon les disciplines : une ou des définitions ?


C – Un phénomène où les firmes américaines jouent un rôle clé : est-ce une américanisation ?


D – A quel moment commence la mondialisation ?

Christian GRATALOUP
Géohistorien français
II/
4 grandes étapes
A- Les débuts de la mondialisation XVè-XVIIIè : un processus minoritaire lié au commerce colonial

Voir documents de la séance 1

B-« Notre première mondialisation » (S.Berger) XIXè – 1917 : l’internationalisation
Doc 1 : texte de Daniel Cohen

C-« Une mondialisation refusée » (J.Lévy) 1917-années 1970
Doc 2 : les dates clés de la mondialisat° refusée

D-Transnationalisation et globalisation depuis les années 1980
Doc 3 : les logos de la firme Total

Conclusion
Bilan
Doc 4 : tableau page 501
Document 1 : Daniel Cohen explique la première mondialisation
La première mondialisation du XIXe siècle d’après l’économiste Daniel Cohen
Rappel : la question d’une première mondialisation a déjà été abordée, dans un chapitre sur l’internationalisation avant 1914, notamment à propos du livre de Suzanne Berger, Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié, Seuil, « La Républiques des Idées », 2003.
Le parallélisme entre la mondialisation du XIXe siècle et la nôtre est particulièrement frappant. Première analogie : la ressemblance des grandes puissances. La Grande-Bretagne domine hier le monde d’une manière qui anticipe parfaitement la manière américaine aujourd’hui. Puissances mercantiles toutes eux, elles cherchent d’abord à promouvoir partout où elles s’imposent le libre-échange commercial. La Grande-Bretagne n’est pas une puissance coloniale uniquement intéressée à exporter sa puissance politique à l’étranger. C’est comme puissance cherchant d’abord à faire fructifier ses intérêts économiques qu’elle pense son pouvoir. Cela ne l’empêche évidemment pas de chercher à contrôler l’équilibre des puissances, mais en Chine ou en Inde, son premier geste est de favoriser les industriels anglais, de leur ouvrir des marchés.
                Une deuxième analogie, plus profonde, entre la mondialisation d’hier et celle d’aujourd’hui, est qu’elles sont toutes deux portées par une révolution des techniques de transport et de communication. On a parfois tendance à penser que la révolution d’Internet, qui permet en un clic de relier, sinon les hommes, du moins leurs ordinateurs, est la marque distinctive du monde contemporain. La véritable rupture en ce domaine est pourtant bien davantage à chercher au XIXe siècle.
                A la fin du XVIIIe siècle, on marche encore souvent à pied pour aller d’un bourg à un autre. Il faut plusieurs jours pour qu’une lettre parvienne  à un destinataire habitant à 300 km de la capitale. Avec l’invention du télégraphe, avec les câbles terrestres et sous-marins, une information mettra moins de 24 heures pour relier Londres et Bombay.
                A cette capacité révolutionnaire d’échanger des informations, s’ajoute le développement de moyens de transport terrestre ou maritime que sont le chemin de fer puis le bateau à vapeur, qui permettent aux marchandises et aux personnes d’accompagner ces flux d’informations. Avec le bateau frigorifique, dans le dernier quart du XIXe siècle, on peut importer en Europe du bœuf argentin congelé ou du beurre néo-zélandais.
                La marque de cette facilité inédite de faire circuler marchandises et informations se  retrouve dans les écarts de cours des matières premières en différentes places. Au milieu du XIXe siècle, les écarts entre les prix du blé affiché à Chicago, Londres ou Bombay sont encore considérables, pouvant atteindre des différences de 50 %. En 1913, à la veille de la Première Guerre mondiale qui vient clore cette première mondialisation, les écarts de cours n’excèdent plus 10 ou 15 %, ce qui signifie à la fois que l’on connaît en temps réel les cours cotés ailleurs, et que l’on peut envoyer les marchandises là où elles sont chères à partir de là où elles sont bon marché.
Pour prolonger la comparaison, il serait possible d’ajouter que la mondialisation actuelle reste en retard sur celle du XIXe siècle dans au moins deux dimensions essentielles : la globalisation financière et les migrations internationales. En 1913, la City de Londres exporte 50 % de l’épargne anglaise outre-mer. Dans le cas français, c’est un quart de l’épargne nationale qui s’investit à l’étranger. Ce sont des chiffres considérables qu’on est très loin d’atteindre aujourd’hui. Les historiens qui se sont penchés sur les raisons du lent déclin britannique tout au long du XIXe siècle imputent en partie celui-ci au biais de la City, qui lui fait préférer un investissement outre-mer à un investissement domestique, privant ainsi l’économie anglaise de la dynamique positive du réinvestissement des profits de l’accumulation passée. Aucun pays émergent ne peut compter aujourd’hui sur des flux de financement comparable à ceux dont ont bénéficié alors l’Argentine, le Canada ou l’Australie.
Une autre dimension témoigne de l’avance de la mondialisation d’hier sur celle d’aujourd’hui : les migrations internationales. On vit aujourd’hui dans un monde où la mobilité des personnes semble exceptionnelle. En 1913 pourtant, 10 % de la population mondiale est constituée d’immigrés, au sens statistique simple de personnes qui résident dans un pays qui n’est pas celui où ils sont nés. Le chiffre correspondant n’est aujourd’hui que de 3 % de la population mondiale. Ce chiffre est évidemment imposant en masse mais, relativement à la population terrestre, il reste trois fois inférieur à celui du siècle précédent.
Un autre paramètre illustre l’écart qui subsiste entre la mondialisation d’hier et celle d’aujourd’hui : le respect des contrats ou de la propriété privée. A s’en tenir au Commonwealth, il est possible de dire que l’intégration juridique hier était, elle aussi, en avance sur la situation actuelle. Un contrat signé à Bombay avait la même valeur juridique qu’un contrat signé à Londres. Dans la mesure où nombre d’économistes tiennent que les ratés de la mondialisation aujourd’hui sont dus en partie aux risques juridiques encourus par les firmes multinationales  à l’étranger, on note une nouvelle fois une intégration plus poussée au XIXe siècle.
De tous ces points de vue, qu’il s’agisse de la globalisation financière, du respect des contrats, des mouvements de population ou des ruptures introduites par les moyens de communication, tout montre que la mondialisation du XIXe siècle n’a rien à envier à celle d’aujourd’hui. Elle offre le laboratoire d’une mondialisation quasiment à l’état pur, offrant à l’historien mais surtout aux hommes politiques le moyen de juger de ses effets spontanés. Or le résultat est sans ambiguïté possible. Elle s’est avérée tout simplement incapable de diffuser la prospérité des plus riches vers les plus pauvres. C’est en effet à un formidable accroissement des inégalités mondiales que l’on assiste au cours du XIXe siècle.
Source : Daniel Cohen, Trois leçons sur la société post-industrielle, Seuil, « La République des Idées », 2006, p. 42-45.

Document 2 : les dates clés de la "mondialisation refusée" (expression du géo fr Jacques Lévy)
1917 : révolution russe
1919 : les E.U. ne ratifient le traité de Versailles
1922 : fascisme en Italie
1922-1924 : quotas migratoires aux Etats-Unis
1929 : krach de Wall Street
1933 : nazisme en Allemagne
1945 : modèle soviétique
1949 : victoire communiste en Chine
Années 50-60 : modèles de développement autocentré (Brésil, Inde, Chine…).

1991 : la chute de l’URSS, fin de l’alternative communiste

Document 3 : évolution des logos de la firme Total
1954 (14 juillet)
1955
1963
1970
1982
2002



Source : Total

Document 4 de synthèse de la séance 1 (source : manuel Studyrama page 501)
+ complément
Les trois vagues de la mondialisation
source : Claude Manzagol, La mondialisation. Données, mécanismes et enjeux, A.Colin, 2003.