Qui êtes-vous ?

Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

mardi 27 décembre 2022

CORRIGE DE L'EPREUVE 2022

 Bonjour à tous,

Voici le corrigé de l'épreuve de décembre 2022.

PARTIE 1 = QCM


PARTIE II = MINI-DISSERTATION

Sujet 2022  : la diffusion de l’industrialisation dans le monde depuis le XIXème siècle.

         Selon l’économiste américain Walt ROSTOW, l’industrialisation est née au Royaume-Uni à partir de 1780, date du « take-off » britannique, soit le démarrage du processus industriel. Celui-ci correspond au passage d’une économie agraire depuis le Néolithique à une économie marquée par la production de biens manufacturés, et non plus artisanaux. Née en Europe de l’Ouest, elle se diffuse, se développe d’abord au XIXème siècle en Amérique du Nord et au Japon, puis au XXème siècle en URSS et d’autres NPI, Nouveaux Pays industriels. Depuis le XXIème siècle, on parle de pays émergents comme le Nigéria ou l’Ethiopie où des investisseurs chinois fondent une filière textile, mais en réalité l’Afrique (et l’Amérique latine) est peu industrielle. Il s’agit donc décrire et d’analyser cette double diffusion spatio-temporelle de l’industrie. L’essor initial au XIXème siècle au sein de pays surtout occidentaux (I), une diffusion dans les anciennes périphéries au XXème siècle, en particulier en Asie à partir des années 1970 (II), mais finalement limitée car aujourd’hui de nombreux pays se caractérisent par leur faiblesse industrielle (III).

 

         De 1870 aux chocs pétroliers, l’industrialisation a lieu en Occident et au Japon (exception). Ces pays cumulent des facteurs naturels (charbon, fer), économiques (financements issus des colonies) et surtout humains (rôle clé du niveau d’éducation qui explique l’exception japonaise ainsi que le rôle du protestantisme démontré par le sociologue Maw WEBER). Pays innovants et souvent de tradition commerciale, des pays tels que le Royaume-Uni et l’Allemagne sont vers 1900 de grandes puissances industrielles qui exportent des produits dans le monde entier. Les chocs pétroliers des années 1970 remettent en question leur domination industrielle. En effet, la hausse des coûts de production va motiver les industriels a accéléré des délocalisations vers des pays attractifs en raison d’une compétitivté-prix.

         Depuis 1975, plusieurs dizaines pays deviennent industriels : il s’agit surtout de pays d’Asie qui connait plusieurs générations de NPIA : d’abord les « Quatre Dragons » comme la Corée dans les années 1970-80, ensuite la Chine grâce aux réformes de Deng XIAOPING (au pouvoir de 1978 à 1997), puis d’autres pays d’Asie qualifiés d’émergents comme le Vietnam (principal pays des usines Nike). L’atout de ces pays est double : d’abord des Etats volontaristes qui développent des zones franches comme Shenzen en Chine (smartphones Apple) et ensuite une main d’œuvre travailleuse d’origine rurale et peu chère. Aujourd’hui, la Chine, mais aussi le Japon et la Corée du sud sont des puissances industrielles majeures. Par exemple, 4 des 6 premiers producteurs automobiles sont en Asie.

         Ainsi, aujourd’hui l’Occident et l’Asie regroupe près de 80% de la production industrielle mondiale. Le géographe français parle d’un « monde hyperindustriel », mais celui-ci est concentré dans une cinquantaine de pays et, à l’inverse, exclue une grande partie de l’humanité. En Amérique latine, le Mexique profite des délocalisations américaines, mais les autres pays latino-américains sont peu industriels, orientés vers la production de produits primaires agricoles comme le café ou la viande pour le Brésil, énergétiques (Venezuela pour le pétrole) ou miniers (cuivre et lithium pour le Chili). Cette DIT (Division internationale du travail selon l’économiste David RICARDO) touche aussi l’Afrique. En dehors de l’Afrique du Sud, l’industrie y est encore peu développée. C’est aussi vrai pour l’Asie centrale ou le Moyen-Orient qui restent exportateurs de gaz ou de pétrole.

 

         Ainsi en plus de deux siècles, la diffusion de l’industrie a été à la fois forte (l’Europe de l’Ouest est désormais dominée par les EU ou la Chine) et limitée à des pays qui conservent financement, main d’œuvre qualifiée et technologie. Malgré tout, la diffusion se poursuit via de nouveaux pays émergents comme l’Ethiopie, mais les relocalisations actuelles pourraient remettre en question ce processus.