Séance 6 :
1914-1945 partie I : grande dépression et nouveaux libéralismes
Tableau de synthèse
Plan détaillé du cours
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Dossier
documentaire n°6
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Pour aller
plus loin
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Documents
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Auteur clé
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Introduction
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1885-1950 :
le second cycle Kondratief
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Doc
1 : les cycles économiques depuis 1816
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Schumpeter
Kondratief
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-manuel Studyrama,
Chapitre 2
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I/
Une
évolution économique marquée par l’instabilité
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A-1914-1918 : l’entrée violente dans le XXème
siècle
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Texte 2 :
la guerre
Texte 3 :
éco de guerre/guerre économique
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Ludendorff
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B- Les années 1920 : une
croissance déséquilibrée
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Document 4 :
la croissance de Citroën
Document 5 :
la crise des ciseaux : l’exemple du sucre et de l’étain
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Labrousse
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C -
Les années 1930 : une dépression historique ?
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Document 6 :
le mécanisme d’extension de la crise
Document 7 :
le « bank run »
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II/
De
nouvelles formes de libéralisme
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A- Les effets sociaux et politiques de
la crise
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Document 8
l’essor du chômage de masse
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B- Vers un libéralisme plus
interventionniste et social
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Document 9 :
les principales mesures du New-Deal
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Roosevelt
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C – La naissance de la
social-démocratie
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Texte 10 :
le keynésianisme
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Keynes
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Conclusion
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En 1939, un monde encore en crise et
fragmenté
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Rappel : les cycles économiques
Les premières analyses générales des
crises et des cycles apparaissent au XIXème siècle. Clément Juglar montre la
présence de mouvements réguliers des prix et de l’activité sur des durées
d’environ neuf à dix ans. On appelle également le cycle Juglar, le cycle des
affaires. Joseph Kitchin (Cycles and Trends in Economic Factors, 1923) met à
jour des cycles plus courts, d’une durée d’environ 40 mois. Ces cycles courts
proviennent du décalage entre la demande et la production : la production
réagit aux variations de la demande en fonction de l’état des stocks de
marchandises ; par exemple, lorsque les stocks « gonflent », les
entreprises réduisent leur production, jusqu’au moment où elle est inférieure à
la demande. Nikolai Kondratiev (Les Vagues longues de la conjoncture, 1926) met
à jour des cycles plus longs d’une durée d’environ 50 ans. Le premier cycle long
prend naissance vers 1790, puis culmine en 1815, puis un second cycle démarre
en 1850, qui culmine à son tour en 1873 ; enfin, le troisième cycle débute
en 1896 pour culminer vers 1930. L’idée du cycle renvoie à la succession
toujours renouvelée de phases d’accélération et de dépression qui « contredit »
la loi de la baisse tendancielle du taux de profit et de la fin inéluctable du
capitalisme. Cette différence entre l’observation des cycles et la science «
officielle » du pouvoir marxiste stalinien vaudra à Kondratiev d’être déporté
au goulag, où il meurt fusillé en 1938.
Source :
S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019
Texte 2 : la guerre totale/guerre
juste
L’expression guerre totale est utilisée
par l’Allemand Ludendorff en 1935 (La guerre totale, traduit par A.
Pfannstiel, Paris, 1937). L’ancien général en chef de l’armée allemande pendant
la P.G.M. affirme que « dès qu’un pays a décidé de faire la guerre, il met
les forces armées, l’économie du pays et le peuple lui-même à la disposition du
chef qui aura la conduite de la guerre ». Si deux guerres américaines
(guerre de Sécession aux E.U. 1861-1865 et guerre du Paraguay 1865-1870) sont
considérées comme les prémices de la guerre totale, ce sera lors des deux guerres
mondiales que l’on observera toutes les dimensions : démographique
(mobilisation de masse), économique (production industrielle), financière
(emprunts) et idéologique (propagande de masse). La guerre totale est la
violation de toutes les formes de règles de guerre qui s’étaient ébauchées en
Occident. Après 1945, l’arme nucléaire a certainement été un obstacle à une
guerre qui aurait embrasé le monde. Si la notion de guerre juste est beaucoup
plus ancienne (dès l’Antiquité), la notion a été repensée par le philosophe
américain Michaël Walzer (Guerres justes
et injustes, Paris, 1999). Selon lui, le caractère juste d’une guerre doit
être visible dans tout le processus politico-militaire : les motifs de
guerre, son déroulement et enfin son règlement. La guerre préventive peut être
un cas de guerre juste si elle empêche une guerre plus grave. C’est le cas en
1933, lorsque la Pologne propose à la France de déclencher une guerre
préventive contre l’Allemagne. Ce type de guerre suppose la certitude de la
menace. De ce point de vue la guerre du Golfe a été un échec complet.
Source :
S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019
Texte 3 : guerre économique/économie
de guerre
Guerre économique (éco et géopol)
Dans
La guerre économique (2009),
Jean-Marc Huissoud et Frédéric Munier ont mis en perspective le concept de
guerre économique qui apparaît de manière récurrente lors des guerres et des
crises, dont la dernière de 2007-2008, crise dite des subprimes. Aujourd’hui,
on parle aussi de guerre de monnaies pour évoquer le maintien de certaines
monnaies à un niveau bas (yuan) afin de donner de la compétitivité face à des
économies dont la monnaie se réévalue (euro, yen). Pendant la Guerre froide,
l’embargo céréalier des Etats-Unis à l’encontre de l’U.R.S.S. est une forme de
guerre économique. C’est en effet en 1971 que le Français Bernard Esambert,
conseiller du Président Pompidou et auteur de La guerre économique mondiale (1991), énonce le concept de
guerre économique. Celui-ci est à relier au le terme de
« géoéconomie » énoncé par l’Américain Edward Luttwak (Le rêve américain en danger, 1995). Il
définit alors la géoéconomie comme « la logique conflictuelle, traduite en
termes commerciaux ». Il faut d’abord différencier le terme avec celui
d’économie de guerre qui désigne l’ensemble des moyens mis en place par les
Etats pour financer et produire un conflit. La guerre
économique est plus complexe et comporte trois acceptions différentes. Elle
peut d’abord être une modalité de la guerre comme l’embargo déjà cité. Dans un
second sens plus large, il s’agit d’une forme atténuée de « hard power » par l’utilisation de
moyens pour défendre ses parts de marché et accroître sa puissance. Enfin, le
dernier usage du terme est extensif et peut être assimilée à une concurrence
exacerbée. Colbert affirme ainsi que « les compagnies de commerce
sont les armes du roi et les manufactures sont ses réserves ». Le
protectionnisme et l’impérialisme sont les deux grandes politiques de guerre
économique des Etats. Face à la crise, R.U. et France réorientent leur commerce
vers leurs empires. Les régimes totalitaires développent des politiques visant
à l’autarcie. Ainsi, les années 1930 se caractérisent par l’émergence et
l’opposition de blocs commerciaux et monétaires. Au final, toutes les périodes
sont marquées par la guerre économique qui est, selon Huissoud, et Munier
« règle plus qu’exception ». Pascal Gauchon titre ainsi dans un
hors-série de la revue Conflits :
« Nous sommes en guerre économique » (Hors-série n°1, hiver 2014).
L’économie de guerre est l’organisation par les Etats de l’effort de
guerre :
planification des productions, organisation des filières clés (ex ;
sidérurgie pour la production des canons ou des chars), emprunts… Le plus
souvent, cela implique la création d’un ministère du ravitaillement. En France,
c’est le socialiste Albert Thomas qui en est responsable. Dès l’été 1914, il
rencontre Louis Renault qui va abandonner la production de véhicules automobiles
pour celle de camionnettes et de chars. Voir données ci-dessous.
Résumé :
la guerre économique est l’utilisation de l’économie comme enjeu militaire et
politique et l’économie de guerre l’organisation de l’économie au service de la
guerre. Voir les deux
exemples choisis pour illustrer ces deux expressions.
Source :
S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019
Complément 1 : l’activité
des sous-marins allemands, reflet de la guerre économique
Document 4 : le retour de
la croissance :
Document 5 : la
« crise des ciseaux » (Ernest Labrousse) : exemples du sucre et
de l’étain
Document 7 : le « bank
run »
Le bank run apparaît lorsque les agents
retirent massivement leurs dépôts de la banque. C’est l’image de la course aux
guichets devant les banques en 1929. Lorsque ces retraits dépassent les
réserves de liquidité que possède la banque, cette dernière doit obtenir
rapidement ces liquidités qui lui manquent en vendant certains de ses actifs ou
en se faisant rembourse des créances qu’elle possède. Dans le cas du bank run,
la crise de liquidité provient du décalage temporel entre la demande immédiate
de liquidité des agents qui se présentent à son guichet et sa capacité, plus
lente, à transformer les actifs qu’elle possède sous forme liquide. Ce risque
est lié à la nature de l’activité de transformation que réalisent les
intermédiaires financiers : ils perçoivent des dépôts « courts » des agents à
capacité de financement et, en contrepartie, ils prêtent « long » à des agents
à besoin de financement. Dans le cas spécifique des banques, une seconde source
vient alimenter ce risque : les banques créent de la monnaie immédiatement
disponible à l’occasion d’un prêt, monnaie que les agents ne s’engagent à
rembourser qu’ultérieurement. Le bank run provoque une crise de liquidité et
non pas une crise de solvabilité. L’actif de la banque n’a pas été détérioré
par une défaillance des emprunteurs ou une chute de la valeur des titres
détenus. Le montant de l’actif correspond toujours à celui du passif. Mais la
banque n’est pas en mesure de fournir immédiatement la liquidité demandée par
les déposants. Dans le cas où elle est incapable de trouver cette liquidité
rapidement sur le marché monétaire interbancaire, elle peut, là aussi, faire
faillite. Récemment, on a assisté à un mouvement de bank run lors de la crise
grecque.
Source :
S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019
Source : Paul BAIROCH, mythes et paradoxes de
l’histoire économique, La Découverte, 1993
Document
9 : les principales mesures du New-deal + chômage et biographie de
Roosevelt
Document
10 : le keynésianisme
John
Maynard Keynes réfute certains principes fondamentaux du libéralisme classique
pour lui substituer une « nouvelle théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie » du fonctionnement de l’économie capitaliste
moderne (publiée en 1936). La révolution keynésienne se fonde sur 4 points
clés : le chômage n’est pas accidentel mais structurel, l’écoulement de la
production n’est pas automatique, l’équilibre économique n’est pas la situation
naturelle du capitalisme et enfin la monnaie n’est pas neutre par rapport à
l’activité économique. Contrairement aux classiques libéraux, Keynes préconise
une politique de relance par la consommation. Ce choix implique une politique
salariale de revalorisation et l’investissement de l’Etat (grands travaux, hausse
des budgets de l’éducation et de la santé). Avec lui, le Welfare State, élaboré
par William Beveridge en 1942, trouve son architecte. Dévaluation, faible taux
d’intérêt, dépenses d’infrastructures, investissements d’avenir, telles sont
les recettes anti-crise de Keynes. Pour lui, l’Etat doit en effet jouer un rôle
régulateur en créant des postes dans la Fonction publique, par déficit
budgétaire. Keynes est critiqué à la fois par les marxistes car il reste
libéral et ne souhaite que trouver des solutions aux crises ; d’un autre
côté, les libéraux classiques lui
reprochent de remettre en question les théories du laisser-aller, de la libre
concurrence et des débouchés (loi de Say selon laquelle l’offre génère ses
débouchés). Pour Keynes, à l’inverse, la satisfaction de la demande effective
n’entraîne pas automatiquement le plein emploi. Il propose un libéralisme
social, mais pas socialiste : il récuse les nationalisations d’entreprises
préconisées par les socialistes. Le défaut majeur de la théorie de Keynes est
qu’elle conduit à l’inflation.
ource :
S.Boyer, Le lexique des prépas, Studyrama, sortie prévue au printemps 2019
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