Bonjour à tous,
Voici le corrigé de l'épreuve de décembre 2022.
PARTIE 1 = QCM
PARTIE II = MINI-DISSERTATION
Sujet 2022 : la diffusion
de l’industrialisation dans le monde depuis le XIXème siècle.
Selon
l’économiste américain Walt ROSTOW, l’industrialisation est née au Royaume-Uni à
partir de 1780, date du « take-off » britannique, soit le démarrage
du processus industriel. Celui-ci correspond au passage d’une économie agraire
depuis le Néolithique à une économie marquée par la production de biens
manufacturés, et non plus artisanaux. Née en Europe de l’Ouest, elle se
diffuse, se développe d’abord au XIXème siècle en Amérique du Nord et au Japon,
puis au XXème siècle en URSS et d’autres NPI, Nouveaux Pays industriels. Depuis
le XXIème siècle, on parle de pays émergents comme le Nigéria ou l’Ethiopie où
des investisseurs chinois fondent une filière textile, mais en réalité l’Afrique
(et l’Amérique latine) est peu industrielle. Il s’agit donc décrire et
d’analyser cette double diffusion spatio-temporelle de l’industrie. L’essor
initial au XIXème siècle au sein de pays surtout occidentaux (I), une diffusion
dans les anciennes périphéries au XXème siècle, en particulier en Asie à partir
des années 1970 (II), mais finalement limitée car aujourd’hui de nombreux pays
se caractérisent par leur faiblesse industrielle (III).
De
1870 aux chocs pétroliers, l’industrialisation a lieu en Occident et au Japon (exception).
Ces pays cumulent des facteurs naturels (charbon, fer), économiques
(financements issus des colonies) et surtout humains (rôle clé du niveau d’éducation
qui explique l’exception japonaise ainsi que le rôle du protestantisme démontré
par le sociologue Maw WEBER). Pays innovants et souvent de tradition
commerciale, des pays tels que le Royaume-Uni et l’Allemagne sont vers 1900 de
grandes puissances industrielles qui exportent des produits dans le monde
entier. Les chocs pétroliers des années 1970 remettent en question leur
domination industrielle. En effet, la hausse des coûts de production va motiver
les industriels a accéléré des délocalisations vers des pays attractifs en
raison d’une compétitivté-prix.
Depuis
1975, plusieurs dizaines pays deviennent industriels : il s’agit surtout
de pays d’Asie qui connait plusieurs générations de NPIA : d’abord les
« Quatre Dragons » comme la Corée dans les années 1970-80, ensuite la
Chine grâce aux réformes de Deng XIAOPING (au pouvoir de 1978 à 1997), puis d’autres
pays d’Asie qualifiés d’émergents comme le Vietnam (principal pays des usines
Nike). L’atout de ces pays est double : d’abord des Etats volontaristes
qui développent des zones franches comme Shenzen en Chine (smartphones Apple)
et ensuite une main d’œuvre travailleuse d’origine rurale et peu chère. Aujourd’hui,
la Chine, mais aussi le Japon et la Corée du sud sont des puissances
industrielles majeures. Par exemple, 4 des 6 premiers producteurs automobiles
sont en Asie.
Ainsi,
aujourd’hui l’Occident et l’Asie regroupe près de 80% de la production industrielle
mondiale. Le géographe français parle d’un « monde hyperindustriel »,
mais celui-ci est concentré dans une cinquantaine de pays et, à l’inverse,
exclue une grande partie de l’humanité. En Amérique latine, le Mexique profite
des délocalisations américaines, mais les autres pays latino-américains sont
peu industriels, orientés vers la production de produits primaires agricoles
comme le café ou la viande pour le Brésil, énergétiques (Venezuela pour le
pétrole) ou miniers (cuivre et lithium pour le Chili). Cette DIT (Division
internationale du travail selon l’économiste David RICARDO) touche aussi l’Afrique.
En dehors de l’Afrique du Sud, l’industrie y est encore peu développée. C’est
aussi vrai pour l’Asie centrale ou le Moyen-Orient qui restent exportateurs de
gaz ou de pétrole.
Ainsi
en plus de deux siècles, la diffusion de l’industrie a été à la fois
forte (l’Europe de l’Ouest est désormais dominée par les EU ou la
Chine) et limitée à des pays qui conservent financement, main d’œuvre
qualifiée et technologie. Malgré tout, la diffusion se poursuit via de nouveaux
pays émergents comme l’Ethiopie, mais les relocalisations actuelles pourraient
remettre en question ce processus.